L’espace urbain présente encore vers 1470 d’importantes possibilités de développement. Sans que l’on puisse en suivre l’évolution avec précision, les vides se comblent progressivement entre les deux noyaux urbains originels que sont la Cité et Châteauneuf. Des lotissements se constituent peu à peu à l’initiative du chapitre de Saint-Julien, du corps de ville ou encore de Jean Jouvenel des Ursins.
Lotissement de la place Foire-le-Roi
Ce terrain, situé à l’ouest de la place Foire-le-Roi, faisait, à l’origine, partie des terres de l’abbaye Saint-Julien. Dès le début du XVe siècle, les religieux commencèrent à réduire progressivement la superficie de leur enclos afin de disposer de parcelles constructibles. Cette logique de spéculation immobilière permettait au chapitre de générer de confortables revenus. À partir de 1420-1430, le versant nord de la Grand-Rue vit émerger plusieurs maisons, ce qui repoussa la clôture de Saint-Julien plus au Nord [Noizet, paragraphe 12]. Ce fut ensuite au tour des terrains longeant la place Foire-le-Roi. En 1484, la construction du lotissement avait fait perdre à la place la moitié de sa superficie [Chevalier, 1983, p. 222-223].
Lotissement de la rue Ragueneau
La rue Ragueneau fut percée sur les terres de l’abbaye Saint-Julien en 1483 [Noizet, paragraphe 12] à l’instigation de la municipalité qui souhaitait créer un nouvel accès à la Loire. La rue prit le nom du maire en exercice lors de l’exécution des travaux. Les terrains étant à l’origine en possession du chapitre Saint-Julien, on peut supposer que ce sont les religieux qui procédèrent au découpage des parcelles et aux lotissements de ces dernières dans la même logique de spéculation foncière que celle du lotissement de la place Foire-le-Roi.
Lotissement de la rue Neuve
Avec le développement de la cité et la densité de plus en plus forte de la paroisse Saint-Saturnin en pleine expansion, la nécessité de tracer une nouvelle voie permettant de relier les deux grands axes qu’étaient la Grand-Rue et la rue de la Scellerie, se faisait sentir. Au cœur des préoccupations du corps de ville dès 1464, il fallut cependant attendre un don de Jean Hardouin pour voir la nouvelle rue émerger. Jean Hardouin fut l’un des premiers à investir la rue Neuve et à s’y faire bâtir une demeure.
Lotissement de la Chancellerie
En 1467, Jean Jouvenel des Ursins, fils du chancelier Guillaume Jouvenel des Ursins, qui dut recevoir de son père une partie des parcelles de l’hôtel de la Chancellerie, décida de lotir les vergers situés entre les anciens et les nouveaux remparts. Pour se faire, il demanda l’autorisation à Jean de Bueil, seigneur du fief du Péage, et à la ville qui, bien que réticente, finit par donner son accord. Jean fit alors construire cinq maisons entre les rues du Cygne et la place Saint-Étienne [Chevalier, 1983, p. 222]. Le lotissement vint compléter les quatre étals de la boucherie qui avaient été installés par Guillaume en 1450.
Bibliographie
Chevalier Bernard, Tours ville royale (1356-1520), Chambray, C.D.L., 1983.
Noizet Hélène, Chapitre VI. Moines et laïcs de Saint-Julien (940-1114), dans La fabrique de la ville : Espace et sociétés à Tours (IXe–XIIIe siècle), Paris, Éditions de la Sorbonne, 2007.